Bordj Bou Arréridj  
       

 

 

 


Au milieu de l'immense plaine de la Medjana se situe Bordj-Bou-Arreridj. La fondation de la ville s'imposa au colonisateur français par l'importance stratégique du lieu. Située entre Alger et Constantine, c'est aussi un lieu de passage de la mer vers le Hodna et les oasis. Déjà, vers l'an 200, les Romains y avaient construit un premier fort et une fontaine. Les Turcs à leur tour y établissent une place forte. L'armée française relève les ruines qu'elle y trouve pour édifier un impressionnant ouvrage défensif. C'est là que sera fondée la ville.

Politiquement, la France joue des conflits entre pays arabe et pays kabyle, car le site de Bordj-Bou-Arreridj se trouve à la limite de l'une et l'autre contrée. Elle utilise aussi les rivalités : Abdel Kader ayant choisi un certain chef comme Kalifa de la région, son rival prend le parti des Français qui parviennent à affirmer son autorité dès 1840. Son nom : Mokrani.

Toutes les données sont réunies pour fonder une ville près du fort restauré. Cependant le centre de la ville de Bordj-Bou-Arreridj n'est créée qu'en 1852. On a souvent promis aux colons une maison en dur, ils n'ont trouvé que des baraques en planches. Mais chacun se met à construire, à défricher. Cependant les hésitations et parfois les palinodies des gouvernants exaspèrent la population fraîchement arrivée. Exemple, la pétition des habitants datée du 25 août 1857, qui se plaignent que sur les vastes territoires déclarés acquis par l'état, « pas un Français ne peut semer un seul grain de blé. » Il faut attendre le 11 avril 1861 pour voir autorisée la création d'un bureau d'enregistrement et des domaines de Bordj Bou Arreridj. De vastes travaux d'assèchement des marais sont entrepris et menés à bien.

Bordj-Bou-Arreridj est érigée en commune de plein exercice le 3 septembre 1870. La petite ville ainsi créée donne l'impression d'une petite ville florissante.

La situation du cercle de Bordj-Bou-Arreridj au 31 juin 1869 est de :

Superficie totale de propriété : 43.000 hectares
dont 1.200 hectares pour la commune de plein exercice.
Population agricole : Hommes 27.000 dont 106 pour la commune de plein exercice.
Femmes 26.000 dont 74 pour la commune de plein exercice.

Tout paraît prospère, mais « l'organisation des douars ont eu pour effet de contrarier
un certains nombre de chefs indigènes [dont le célèbre Mokrani]. Il importe que nous ne nous aliénions pas des personnages dont l'influence pourrait nous causer de sérieux embarras. » extrait d'un rapport confidentiel daté du 9 novembre 1868.

En effet un grand nombre de malentendus sont intervenus entre l'administration française et le bachagha Mokrani qui déclare la guerre à la France dès le début de 1871 : « j'ai pris mon fusil, prenez le vôtre. »

Lors de ce soulèvement la ville est détruite.

Elle a été reconstruite suite à la délibération du conseil municipal du 13 août 1871.
La France en s'installant en Afrique du Nord, se considère dans son droit car elle renoue avec un passé antique : l'Empire Romain. On se souvient de Saint Augustin né à Thagaste, aujourd'hui Souk-Ahras en 354, mort à Hippone en 430. Hippone est une ville détruite par les Arabes au VIlème siècle, et dont on retrouve les ruines près de Bône. Saint Augustin y a été évêque de 395 à 430. C'est dans cet esprit qu'est reconstruite à Bordj-Bou Arreridj, par le premier maire de la ville, la Fontaine Romaine.

La fonction civilisatrice est également mise en avant, particulièrement dans le domaine sanitaire. Les rapports de santé sont fréquemment établis. Voici un extrait d'un rapport daté du 08.11.1852. Il est signé du médecin en charge de la santé à Bordj-Bou Arreridj : « Le Chirurgien, sans aide, chargé du service de santé de la place. »

Extrait : « Le service de santé dont nous sommes chargés près de la garnison de Bordj-Bou-Arreridj nous empêche de faire des tournées médicales chez les indigènes que nous nous bornons à voir chaque matin à la visite où ils ont l'habitude de venir. Si toutefois on vient nous appeler pour un cas qui nécessite notre déplacement, nous nous rendons dans les douars pour y donner nos soins. »

         
     
           
     
 
           
                   
   
Liste des Maires .de la commune de Bordj-Bou-Arreridj

Bordj-Bou-Arreridj fut érigée. en commune de plein exercice le 03 Septembre 1970,
crée au commissariat civil de 1868
Noms et Prénoms Durée de leur mandat :
des Maires de la commune :

Le Chef du Commissariat civil de 1868 à Mai 1878
M. Octave Dardillac Maire de 1878 à Mai 1891
Joseph Bigonet Maire de 1891 à Mai 1896
Jean Gally Maire de 1896 à Mai 1900
Emile Jaumon Maire de 1900 à Mai 1904
Joseph Boulet Maire de 1904 à Mai 1912
Charles Pistor Maire de 1912 à Mai 1924
Victor Vuillemenot Maire de 1924 à Mai 1942
Jean Malmassari Maire nommé par arrêté du 21. Avril 1942
Victor-Vuiliemenot Maire rétabli maire le 24 Avril 1943
Gaston Lleu Président de la délégation spéciale Du 20 Juillet 1944
Gaston Lleu. Maire Août 1945 à 1948
Madame Lleu Maire du 25 Mai 1948 au 14.Février 1958
Jean .Malmassari Président 'de la délégation spéciale du 15 Février 1958

       
     
Premier conseil municipal de Bord Bou Arréridj
                   
   
 
                   
 
 
                   
 
L’ÉGLISE SAINT CLAUDE

LES PRÊTRES DE BORDJ BOU ARRERIDJ


En 1870 Frédéric LONGO, refusa de quitter son église. Mokrani le fit décapiter sa tête tomba dans le bénitier. La trace du coup de hache était visible sur le bord du bénitier.

Après la reconstruction de l’église l’abbé Garcia fut curé de la paroisse de B .B . A .

Puis l’abbé de Chavardon qui a baptisé, fait faire la première Communion et marié la plus part des membres de nos familles.

L’abbé Issanchou qui officia pendant de nombreuses années.

C’est l’abbé Landerer qui aura la pénible tâche de fermer l’église le 1er juillet 1962 définitivement puisque l’église se transformera en mosquée.

     
                   
     
C’est l’Eglise Saint Claude de BORDJ BOU ARRERIDJ détruite lors du siège de 1871 reconstruite en 1873.
A l'époque aucune construction ne l’entoure.
     
 
                   
   

L'attaque de BORDJ BOU ARRERIDJ

par MOKRANI en 1870

commentée par Danielle AKERMANN


Suite à votre article : "Bordj-Bou-Arreridj, la ville héroïque", je souhaiterais apporter quelques précisions.

C'est avec beaucoup d'intérêt que J'ai lu l'article de votre mensuel numéro 106 intitulé: "Bordj-Bou-Arreridj, la ville héroïque".
J'ai regardé les vues de Bordj-Bou-Arreridj et permettez-moi de vous envoyer deux reproductions de cartes postales. La première représente le cours du Cheyron, avec à droite, la salle des Fêtes, et à gauche, le bâtiment le plus près du Monument élevé en souvenir de ceux tombés pour défendre le Fort : la Mairie:
Ces deux édifices sont l'œuvre de mon grand-père maternel, architecte de profession, Monsieur Victor Vuillemenot (Maire de Bordj-Bou-Arreridj, pendant la période de 1924 à 1942).
Je vous adresse, par ce courrier, la liste des Maires de Bordj-Bou-Arreridj, et précise que le premier Maire de Bordj-Bou-Arreridj, Monsieur Octave Dardillac, était un oncle de mon père : Monsieur Henri Akermann, adjoint au Maire de Bordj-Bou-Arreridj de 1948 à 1962.
La dernière reproduction représente l'église et les groupes scolaires laïcs. A gauche, c'est l'école des garçons, rue du général. Dargent, à droite, l'école des filles que j'ai fréquentée, rue Pierre Akermann.
Comme vous pouvez le constater, l'histoire de Bordj-Bou-Arreridj est liée à l'histoire de ma famille, paternelle et maternelle.

L'insurrection de 1871
Je souhaiterais vous faire part d'une anecdote, transmise dans ma famille, au sujet de l'insurrection de 1871, que Francine Dessaigne, dans son ouvrage historique très intéressant consacré au village, ne relate pas.

Mon bisaïeul, Pierre Akermann, avait vécu dans les Maâdid, où son père était scieur de long. Celui-ci s'était construit une cabane et se méfiait bien évidemment des bêtes féroces qui rôdaient aux alentours et qui, l'obscurité venue, erraient en quête de nourriture. A cette époque, il y avait effectivement des lions. Un soir, ayant entendu des bruits insolites dans les buissons environnant sa cabane, il fit feu pour effrayer toute présence, peut-être hostile. Mais, sans le vouloir, il avait blessé un lion qu'il rendit aveugle. Il le soigna et ce lion devint un fidèle compagnon de chasse. Plus tard, après de nombreux efforts il put posséder enfin un morceau de terrain et faire de l'élevage. Par son ardeur au travail il s'était lié avec un voisin, un autochtone.

Un voisin, un homme de la terre féconde.
Celui-ci, avant l'insurrection de. Mokrani, vint le trouver, et assez embarrassé lui annonça que des événements très inquiétants risquaient de se produire dans peu de temps, il lui confia même qu'il n'était pas en sécurité et que s'il était d'accord, il s'occuperait de son bétail comme du sien, mais le supplia-t-il "prends ta femme et ton fils et rends-toi à Bordj-Bou-Arreridj".
Ecoutant les paroles de cet homme qui lui dévoilait qu'un événement se tramait, et ayant conscience du danger, Pierre Akermann, son fils et sa femme se rendirent au Fort de Bordj-Bou-Arreridj où le commandement y regroupa tous ceux qui souhaitaient s'y réfugier.

Le fort du fils de l'homme au chapeau à la plume : Bordj-Bou-Arreridj
L'insurrection commença, Bordj-Bou-Arreridj fut "pillé, incendié, saccagé", ce fut l'horreur, la terreur. Comment alors prévenir la garnison de Sétif. Le bourreau des Mokrani, qui faisait partie des réfugiés du Fort, se proposa comme messager.

Un messager inattendu
Il enduisit son corps de graisse de lion ainsi que les paturons de son cheval, de façon à ce que les chiens effrayés n'aboient pas sur son passage et surtout ne donnent pas l'alerte. Il prit le message du Commandant et le plaça dans la partie intime de son anatomie, en contact avec la selle, de sorte que s'il lui arrivait d'être pris, il se présenterait les mains libres, n'ayant rien sur lui qui aurait pu attirer l'attention et le faire soupçonner de quoi que ce soit.

Sétif : l'espoir d'une délivrance promise
Il se dirigea vers Sétif, évitant bien sûr, les lieux habités, et suprême précaution, ne voyageait que la nuit, se terrant le jour.
Pendant ce temps, les assiégés vivent des jours terribles : il n'y a pratiquement plus de vivres, plus d'eau, certains en étaient mêmes réduits à boire l'urine de leurs chevaux. Les munitions s'épuisent, une angoisse terrible et sourde rend difficilement supportable l'existence de ceux qui s'apprêtaient à vivre leurs dernières heures sans aucun espoir. Les assaillants sont toujours là et l'atmosphère est irrespirable du fait des cadavres en décomposition. Au loin résonnent les you-yous lancinants des femmes qui encouragent les assaillants et glacent le sang de ceux qui se sont réfugiés dans le fort.

Un siège aux conditions de vie effroyables
Tenaillés par la faim et la soif, rongés d'angoisses, vivant l'incertitude de ceux qui attendent un ultime renfort salvateur, sachant qu'un sort effroyable les attend, Pierre Ackermann et les autres membres de sa famille sont acculés à prendre une décision atroce mais inéluctable : ils sont treize survivants, ils vont réserver treize cartouches. Ils sacrifieront d'abord enfants et femmes puis se donneront la mort, retournant le fusil contre eux-mêmes.

L'assaut final
Désespérés, ayant perdu tout espoir en l'arrivée des secours, ils attendent l'assaut. final et le moment où ils mettront à exécution leur résolution.

Pourtant, quelque chose d'étrange semble se produire. Les You-yous ont l'air de .faiblir tandis que les assaillants paraissent effectuer un mouvement de repli. Le bruit d'une colonne en marche s'amplifie peu à peu.

Est-ce une illusion, un mirage, une hallucination collective ?

Les you-yous deviennent peu à peu inaudibles. Les assiégés ne peuvent le croire Les secours de Sétif sont arrivés, le messager a pu accomplir sa mission. La joie qui éclate est indescriptible !
Un dénouement heureux, une fidélité par delà les conflits.
Le calme revenu, Pierre Akermann va retrouver, avec une intense émotion son ami et voisin à qui il a confié son troupeau. Celui-ci lui montre alors, avec fierté, son bétail et les petits animaux nés durant son absence. Les deux hommes furent liés à tout jamais par une amitié indéfectible.

A quoi toutes ces souffrances ont-elles servi tant du côté assaillants que de celui de ceux qui furent assiégés ? "MEKTOUB" dira-t-on !

Que Dieu ou Allah reçoive, en son Paradis, ceux qui ont combattu avec fierté et courage, assaillants ou assiégés, et quand notre tour viendra de les rejoindre, au pas lent des caravanes, qu'il veuille bien nous faire place auprès des Mânes de ceux qui sont restés sur notre terre natale !


inch' Allah

 
 
LE CIMETIERE DE BORDJ BOU ARRERIDJ


Le cimetière de BORDJ BOU ARRERIDJ remonte très certainement à la création de la ville 1852 – 1854

Jean-Antoine AKERMANN et son épouse née GASSER Thérèse et leurs 7 enfants arrivent à BORDJ BOU ARRERIDJ, c’est la première famille à s’être installée dans cette ville. Thérèse décède en 1860 et Jean Antoine en 1880. Les familles AKERMANN se succèdent. AKERMANN Georges Pierre (Eugène) marié a GILARDI Gondine en 1886 vont construire un caveau de 80 places.
En plus de la croix pour l’orner ils font venir un ange en marbre de Carrare d’Italie (photo 1 prise bien avant l’indépendance) (photo 2 prise en 2003 par Françoise KAÏSER petite fille de Rosette AKERMANN ou l’on voit l’ange toujours debout, derrière des immeubles construits après l’indépendance 1962.

Dans ce cimetière se trouve également la tombe des GILARDI et le caveau des PORCHER MAGNANI.

GRUPALLO Jacques 1865
GILARDI Amédée Ferdinand 1866
GIRARDI Jean 1867
GILARDI Joseph 1867
JUSTINE ROSE Notre grand-mère 1921
Sa fille MAGNANI Jeanne 1920
Le fils de Jeanne MAGNANI Emile 1954
La fille d’Emile Jeanne 1945

Cinq générations de nos familles reposent dans ce cimetière.

Le dernier enterré est GILARDI Emile le fils de Justine Rose et Joseph GILARDI dcédée en Janvier 1962 à l’âge de 86 ANS.


Photo prise avant 1962
 

Photo prise un an avant le repas qui a réuni les familles à Albias (82)

 

L’ange est toujours debout.